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Ahmed Younes
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© Yunis © Fathi Hawas

Ahmed Younes (YUNIS)

  • Egypte
Du 9 juillet 2021 au 4 octobre 2021
Ahmed Younes est lauréat 2021 du programme de résidences de l’Institut français à la Cité internationale des arts.

BIOGRAPHIE

Ahmed Younes, YUNIS de son nom d’artiste, est musicien, compositeur, et chercheur en musicologie, se situant dans le courant de musique électronique « mahraganat ». Né en Égypte, à Kafr El-Dauwar, il commence d’abord la musique en composant des rythmes de rap pour un groupe d'amis puis s’intéresse à la musique arabe traditionnelle. Yunis associe le ney au clavier électronique, il trouve ainsi son inspiration dans l'héritage musical folklorique égyptien et le renouvèle par des techniques contemporaines. Il travaille notamment sur la notion de transe dans la musique. Yunis est également cofondateur de Kafr El-Dauwar Records, un label numérique indépendant consacré à la musique contemporaine et expérimentale, créé en 2019 dans le but d’initier un mouvement musical dans sa ville natale. Il sort son premier album solo "The Blue Djinn Dance" la même année, présentant une version contemporaine de la musique de mariage traditionnelle égyptienne. Son travail traite du patrimoine artistique dans ses périmètres de simulation et de reproduction. Yunis refuse de recourir à l’imitation et aspire plutôt, dans ses recherches, à accéder aux piliers fondamentaux sur lesquels repose la forme artistique en question.

PROJET DE RÉSIDENCE

Dans le cadre de sa résidence à la Cité internationale des arts, Yunis développe un projet de recherche associant musique, arts visuels et danse, autour de l’expérience de la transcendance.

« "Orouj" (Ascension) est une performance musicale/visuelle de danse fondée sur deux approches principales ; la première est la structure progressive ascendante propre à la musique Zār, particulièrement aux chants Takhmir (intoxication/extase musicale) qui sont – tels que définis par le chercheur en matière de patrimoine Égyptien Shawki Abdel Hakim – des chants folkloriques traditionnels récités par les habitants des régions rurales de l’Égypte pendant les exorcismes d’esprits ou de djinn, une pratique mieux connue sous le nom de Zār. La seconde approche est la mythologie d’Al-Mi’raj existant dans plusieurs religions et cultures comme l’Islam et le Zoroastrisme, qui représente un voyage nocturne durant lequel un prophète ou un serviteur vertueux s’élève au-delà de notre monde réel pour connaître la vérité, une vérité qui varie d’une croyance à l’autre et d’une personne à l’autre. "Orouj" parle de la relation que je perçois entre ces deux parcours ; le parcours spirituel dans les séances de Zār, et le parcours sacré du mythe. Au fond, "Orouj" représente le chemin que chacun de nous traverse à la recherche de la vérité. »

« Les chants Takhmir se caractérisent par une structure unique et passionnante qui commence avec une cadence calme et régulière et des battements rythmiques légers, évoluant progressivement vers l’apogée : une harmonie plus puissante des tambourins, chants et gémissements. La musique se distingue aussi par la particularité de ses rythmes et mélodies qui créent des structures mélodiques complexes présentant, à mon avis, d’immenses opportunités pour la musique instrumentale, ainsi que par sa sonorité exotique que je cherche à exprimer et recréer d'une manière modernisée conforme à l’esthétique de la musique contemporaine. Les chants Takhmir sont riches en caractéristiques musicales et visuelles qui n'ont pas encore été exploitées, comme c’est le cas d’une grande partie du patrimoine musical et traditions Égyptiens affluents qui manquent de contexte dans le sens de leur exploration suffisante en termes de pratiques et d’expériences contemporaines. La tradition Zār est également abondante quant à la pluralité de ses formes artistiques : le Zār Ghitanniyya, le Zār Soudanais et le Zār Égyptien. Chacune de ces formes offre d’importantes opportunités pour la musique et la créativité visuelle. Ce que j’essaie d’explorer dans ce projet est la structure musicale unique et la forme visuelle distinctive qui pourrait dériver de ces chants et rituels patrimoniaux, par l’alliage des instruments et rythmes traditionnels avec les sons et effets électroniques modernes, ainsi que par l’analyse des éléments de l’esthétique visuelle et leur recréation sous une forme authentique et contemporaine. »

YUNIS © Yunis © Fathi Hawas
YUNIS © Yunis © Fathi Hawas